03/06/2020
L'été bonheur
Je vous ai prévenus, chers lecteurs, je ne vais pas forcément vous raconter mes souvenirs de façon chronologique. Parfois, un évènement particulier peut les faire ressurgir de façon inattendue alors, je préfère les poser de suite sur le papier.
Ce matin j’étais en clientèle dans l’Amandinois (autour de Saint-Amand les eaux) où il y a plein de petites villages et de bourgs. C’est la campagne, c’est très agréable, j’aime bien ce secteur.
Ce matin, je roulai tranquillement carreau ouvert car l’air était doux et le soleil radieux. Soudain, mes narines furent remplies d’une odeur de foin, cette odeur agréable que l’on ne respire que dans nos vraies campagnes, l’odeur du naturel.
Brusquement, cela m’a ramené 48 années en arrière et je me suis souvenu d’une fin d’année scolaire alors que j’étais encore à l’école communale dans mon petit village du Cambrésis.
Ce devait-être fin juin, début juillet, ma maîtresse d’école avait décidé avec sa collègue que quelques jours avant la fin des cours et avant le début des vacances, nous irions passer une journée dans la campagne avoisinante. Il faut dire que le Cambrésis est une région très agricole et que tous les villages sont entourés de champs et de pâtures (des prés pour les non initiés).
A Bevillers, le village où j’ai passé mon enfance, la rue où nous habitions se terminait par un chemin caillouteux qui menait directement dans ces champs et ces pâtures. Tout le monde au village d’ailleurs l’appelait « le chemin, », tout simplement.
Il y a aussi dans cette partie du village un ancien four à chaud, dans notre patois local, le « quofour ». Du four il ne restait que des pâtures encaissées et très herbeuses dans lesquelles nos agriculteurs locaux allaient faire paître leurs bêtes.
C’est dans une de ces pâtures vide que nous avons passé la journée, au milieu des herbes déjà jaunies par le soleil et au parfum si particulier, nous nous sommes amusés comme des fous, nous avons pique-niqué sur place tous ensemble, je me souviens avoir ressenti un sentiment de bonheur et de plénitude intense.
Ce n’était pas grand-chose mais au milieu des herbes, des coquelicots , des pâquerettes, des boutons d’or et aussi des pissenlits, la vie me paraissait douce et belle. En fin de journée, le soleil sans soute un peu fatigué lui aussi, dardait de doux rayons sur nos visages, l’air était doux, le bonheur, tout simplement.
C’était le début de l’été, nous étions au début des années 70 et vous écrire cette histoire simple, fait naître en moi une émotion intense car je sais que jamais je ne revivrai ces moments privilégiés.
Restent le soleil, les odeurs, les fleurs pour que cela me revienne de temps en temps et me ramène là bas, dans mon village à l’âge de l’innocence.
18:56 Publié dans Souvenirs | Lien permanent | Commentaires (3)
01/06/2020
Le poêle à charbon
Je ne suis pas différent des autres êtres humains, je n’ai aucun souvenir de mes premières années sur cette terre, juste des images floues un peu comme si devant l’écran de mes souvenirs il y avait un tissu cotonneux et opaque. Je distingue des choses mais c’est tout. Une seule image est présente depuis que je suis en âge de raisonner, des têtes, penchées sur moi qui parlent, c’est tout.
Pendant cette période, jusqu’à mes 3 ans, mes parents ont vécu dans une maison que leur louait un oncle et une tante de mon père, rue du Préhaut à Bévillers, un petit village de 500 habitants dans le Cambrésis.
J’ai bien connu cette maison mais seulement après l’avoir habitée, quand j’ai eu 4 ans. Mon arrière grand-mère y vivait déjà puis c’est ma grand-mère paternelle, sa fille, qui l’a ensuite rejointe et nous a succédé.
C’était une époque où l’on se rendait beaucoup visite dans les familles donc je voyais souvent mes deux aïeules.
C’est d’ailleurs chez « grand-mère » qu’il m’est arrivé un accident. Les grandes personnes étaient réunies dans une pièce adjacente quand dans l’autre pièce elles m’ont entendu hurler.
A cette époque, fin des années 60, dans beaucoup de maison, le chauffage central n’existait pas et souvent, les gros poêles à charbon trônaient au milieu des pièces. Celui chez grand-mère était rond, avec une belle plaque en fonte et dans son antre, le charbon rougeoyait.
Personne n’a su ce qu’il s’est produit, ai-je voulu y grimper, ai-je trébuché, nul ne le sait. En revanche ils m’ont retrouvé criant de douleur, les deux mains collées sur la plaque en fonte brûlante. De cet incident, j’ai en mémoire une image où je regarde mes mains et où je comprends que j’ai mal.
Est-ce un vrai souvenir ?
Est-ce parce que j’en ai entendu parler souvent ensuite que mon cerveau a fabriqué cette image, je n’en sais fichtrement rien, tout ce que je sais c’est que cette vision est nichée dans ma tête depuis plus de cinquante ans.
D’aucuns diront que c’était de l’inconscience de m’avoir laissé seul, mais je n’en ai jamais voulu à qui que ce soit parce qu’à cette époque la sécurité sur les appareils n’était que très minime, à l’inverse d’aujourd’hui où les nouvelles générations de parents surprotègent leurs gamins. Et puis je m’en suis remis, je n’ai aucune cicatrice, aucune trace de brûlure, et mes mains m’ont jusqu’à ce jour été très utiles donc pas de soucis. En plus, il y a prescription...
Bien sûr, ça aurait pu être plus grave mais ça n’a pas été le cas, tant mieux car je n’aurais pas été là pour vous raconter cette histoire…
19:12 Publié dans Souvenirs | Lien permanent | Commentaires (0)