16/05/2010
L'affaire "Black Cat"
Ca faisait pratiquement deux heures que je poirotais, assis sur ce vieux tabouret au comptoir de ce bar miteux dans lequel j’avais rendez vous.
Deux heures de retard, ça faisait long, d’autant que je commençais à ne plus avoir les idées claires à force de m’enfiler des scotchs sans glace pour tuer le temps. Faut dire que j’avais la gorge constamment sèche à griller cigarette sur cigarette, des CRAVEN A, les seules cibiches que pouvait me vendre ce barman qui ressemblait tellement à Robert DALBAN que j’avais la nette impression de me retrouver dans un film de MELVILLE ou LAUTNER.
C’est alors qu’elle est rentrée dans la salle mal éclairée et là les frangins, je peux vous dire que j’en ai été presque à rechausser mes Ray-Ban tant elle était éblouissante. Moulée dans une robe rouge rubis, chaussée d’escarpins de la même couleur, sa chevelure blonde ondulant sur les épaules, un regard à faire fondre les banquises ,des lèvres magnifiques, un visage parfait. En quelques secondes, j’ai quasiment dessaoulé.
-Alors, Le rouquin, m’a-t-elle balancé nonchalamment, encore en train de picoler…
Je l’ai regardé fasciné, tentant de reprendre mes esprits le plus vite possible.
-Salut Black Cat, lui ai-je rétorqué la voix, un peu chevrotante, comme tu peux le voir. T’es sacrément en retard ma belle !
-T’inquiètes mon grand, avec les infos que j’ai pour toi, tu va oublier ce retard.
-Je t’écoute
-Comme tu le sais, je sors mon bouquin à l’automne et il va s’appeler « Demande à mon cœur », c’est la troisième aventure de ma chère Victoria.
-Jusque là rien de neuf
-Ne m’interromps pas, ce que tu ne sais pas c’est que je vais le faire à l’occasion du festival du roman et du film noirs que j’organise à la Maison des Métallos. C’est une grosse manifestation, pléiade d’invités, très excitant à organiser.
-Effectivement c’est du croustillant, tu as un dossier pour moi ?
-Tu le recevras bientôt, sous pli discret, tu ne crois quand même pas que j’allais venir ici avec les documents, t’es un cave ou quoi ?
-T’as raison ma jolie, il vaut mieux être prudent.
Là dessus elle tourna les talons tirant une bouffée de sa cigarette et disparaissant dans l’ombre de la salle enfumée. L’espace d’un instant j’ai cru que j’avais rêvé, sauf que subsistait encore dans l’air son parfum capiteux et envoutant.
Me remettant doucement, j’en concluais que l’info était effectivement intéressante et que mes clients allaient être contents. C’est sûr, avec ces infos et la prime qu’elles vont me rapporter, je vais pouvoir régler les six mois de loyer en retard et ma note à Mr Chang mon épicier. Il ne me reste plus qu’a espérer que ce foutu courrier arrive vite.
05:25 Publié dans Lilicub | Lien permanent | Commentaires (0)
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