17/01/2011
"Oscar"
Ce que je vais vous raconter aujourd’hui fut un moment assez pénible de mon adolescence. Je crois bien n’en avoir jamais reparlé depuis ces années là, en 1980 et 1981. C’est la première fois que je raconte publiquement cette histoire, sans doute parce que la plaie s’est aujourd’hui refermée et que l’âge et peut être (sûrement) la sagesse aidant, j’ai tiré un trait sur cette époque.
Nous étions donc au début des années 80, j’allais avoir 16 ans, un adolescent en pleine puberté, gauche, maladroit et d’une timidité maladive. Je rougissais chaque fois que j’étais embarrassé ce qui, vous l’imaginez bien, ne m’aidait pas dans mes relations avec les filles. Je ne suis pas non plus ce qu’on appelle un adonis, ce qui compliquait fortement les choses.
J’espérais au fond de moi qu’elle allait m’épargner, mais hélas, l’acné juvénile s’est jetée sur moi comme un rapace sur sa proie. N’allez pas croire que j’étais défiguré, non, mais j’avais l’impression que l’on ne voyait que çà sur mon visage.
Ce qui fut le plus difficile, c’est lorsque mes « camarades » de classe jetèrent leur dévolu sur moi, me faisant remarquer sans cesse que j’avais des « oscars » sur la figure (c’est le nom qu’ils donnaient à ces horribles boutons). Je ne savais que faire pour être tranquille et chaque matin, en me réveillant, je priais pour qu’un nouveau comédon n’apparaisse pas sur mon visage. Hors de question bien sûr d’aller voir un spécialiste, mes parents avaient d’autres chats à fouetter et ce n’était pas vraiment à l’ordre du jour.
Le summum a été atteint quand un soir, à l’arrêt de bus de Cambrai, assis à ma place j’attendais le départ du car lorsqu’une voiture a surgit près du quai et que mes deux « copains » sont arrivés hilares en criant « Oscar !!! » et plein de méchancetés du même acabit. La douleur interne fut des plus vives, j’étais rouge de honte et j’aurais voulu à ce moment là m’enfoncer sous terre pour ne plus ni voir, ni entendre. Ce sont ces mêmes « copains » qui quelques mois plus tard m’ont affirmé qu’une fille pour qui j’avais le béguin voulait sortir avec moi et que je n’avais qu’à lui demander. Gros naïf que j’étais, je suis tombé dans le piège et l’humiliation fut à la hauteur de mes désillusions.
Je vous ai un peu menti lorsqu’en préambule de mon article, je vous ai dit que la plaie s’était refermée, j’ai du mal à en sourire. J’ai heureusement rencontré depuis des personnes d’une toute autre valeur. Certes il aura fallu du temps mais je ne regrette pas, car eux au moins, valaient la peine que je sois patient. Avec le temps aussi, j’ai réussi à enfouir profond une grande partie de mes complexes et je pense sincèrement que les gens qui prennent un plaisir malsain et cruel à humilier les autres sont des cons. Et comme disait l’ami Georges Brassens, quand on est con, on est con et s’il existait un « oscar » de la connerie, je peux vous dire que je connais certains nominés.
19:49 Publié dans Souvenirs | Lien permanent | Commentaires (1)
Commentaires
Bonjour :-)
Je te cite : "et je pense sincèrement que les gens qui prennent un plaisir malsain et cruel à humilier les autres sont des cons."
Je serais encore plus "méchant" en disant : "et je pense sincèrement que les gens qui prennent un plaisir malsain et cruel à humilier les autres ont vraiment une vie de merde." ;-)
Bonne journée,
wiwi
Écrit par : wiwi | 20/01/2011
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