25/01/2013
3éme classe
Le TGV que j’ai emprunté lors de mon retour de formation à Lyon était fortement rempli de passagers. Il venait de Perpignan et avait pour terminus Bruxelles. Il était 17h, heure de pointe et je vous laisse imaginer que je n’étais pas aussi tranquille que le matin même dans la rame que j’occupais au train de 6h02 à Lille.
Peu après le départ du train, alors que les gens passaient et repassaient, dans l’impossibilité de me concentrer sur ma lecture, je posais mon livre sur les genoux, et je fermais les yeux.
Je me mis alors à imaginer quelle serait la réaction de ma grand-tante, née en 1898 et décédée en 1984 si elle revenait aujourd’hui. C’était une ancienne institutrice, vieille fille, rigide, aux principes stricts et à la morale irréprochable (chose dont je ne suis plus certain depuis que j’ai atteint l’âge adulte).
Mais je reviendrai une autre fois sur son cas car ce qui nous intéresse aujourd’hui, c’est sa réaction si elle revenait parmi les vivants dans une rame de TGV Lyon/Lille en pleine heure de pointe en 2013, elle qui a connu les voyages en 3éme classe (et oui, çà a existé les wagons avec sièges en bois pour ceux qui avaient peu de moyen mais cette classe fut supprimée en 1956).
Autour de moi, dans la voiture n°8, poussaient les ordinateurs portables comme des champignons dont heureusement, la plupart des propriétaires avaient coupé le son. Par contre, ce qui me choquait, me choque et me choquera toujours, ce sont les allées et venues de ces gens dans le sas, pour téléphoner. On a l’impression que certains ne peuvent vivre sans leur p….. de portable. D’autres avaient moins de délicatesse et ne se gênaient pas pour échanger à voix haute avec leur correspondant, bien assis à leur place. Merci pour ceux qui tentent de lire ou de se reposer.
Et puis, tant pis si ce que je vais dire me fait passer pour un vieux ringard mais à Paris, est monté un jeune de 25 ans qui une fois assis, a sorti son portable « écran géant » pour lire ce qui semblait être un livre. Je vous avoue que l’amoureux des bouquins que je suis était choqué. Moi qui aime tant l’odeur du papier et de l’encre, le contact des doigts sur les pages, le plaisir de tenir un livre entre mes mains, je ne comprenais pas. Quel plaisir peut on avoir à tenir un appareil à bout de bras pour lire 20 lignes que l’on est obligé de faire défiler par un clic ?
Je me pose sincèrement la question et je me dis que si feu, ma grand-tante était brusquement revenue, elle en aurait fait une crise cardiaque, c’est sûr (et hop, retour à la case départ).
J’aime le progrès, je reconnais qu’il y a des choses dans le développement de la communication qui sont positives. La grande question que je me pose, c’est si tout cela ne va pas un peu, voire beaucoup trop vite. Lorsque j’imagine la vie quand j’avais 10 ans et celle d’aujourd’hui, le fossé est gigantesque et pourtant, il n’y a que 39 ans de séparation, ce qui à l’échelle du temps, est infime.
Ringard, désuet, vieux con, réaliste, cynique, philosophe, je vous laisse le soin d’en juger par vous-même, il n’empêche que…
07:26 Publié dans Mon quotidien | Lien permanent | Commentaires (3)
Commentaires
J'ai l'âge d'être un vieux con, mais j'essaie de ne pas l'être.
Dans votre papier deux choses retiennent mon attention.
1) La tranquillité à laquelle tout un chacun à droit. C'est certain, le sans gêne gagne du terrain, mais dans un monde confié aux carnassiers et aux prédateurs, qui ont autorité, il ne faut pas trop s'étonner de voir ce comportement gagner le peuple et particulièrement les jeunes parce que tout simplement, pour eux, ils ne connaissent pas d’autre monde : pourquoi ce qui est permis en haut ne le serait pas en bas, hein ?. Ceci dit, vous semblez oublier, et ce n'est pas la peine de remonter jusqu'à l'époque des wagons de 3è classe, que les trains Corail, où l'on pouvait monter même s'il n'y avait plus de places assises, aux heures de pointe ça valait largement ce que l'on vie dans un TGV aux mêmes heures. Faut-il que je vous parle aussi des trains à compartiments fermés, pour huit personnes ? Seul, à deux, à trois ça allait, ça pouvait même être sympathique, mais quand il était plein, qu'on se marchait sur les pieds, qu’on s’entrecognait les genoux (on pouvait en faire aussi), qu'on se prenait les coudes des voisins dans les côtes, qu'on se subissait le ou les ronfleurs (qui n'hésitaient pas à poser la tête sur votre épaule ; ça pouvait être quelques fois charmant !), les morphales qui déballaient sur leur genoux leur buffet froid dont les reliefs à la mayonnaise se retrouvaient sur votre pantalon, croyez-vous que c'était beaucoup mieux ? Et je ne parle pas des valises qui se cassaient la figure ou des groupes qui faisaient tout pour faire fuir le ou les autres voyageurs afin de l’avoir pour eux seuls. Et pourtant nous étions beaucoup à réussir à lire.
2) c'est l'ancien libraire qui parle (d'une famille de libraires, bibliothécaires, enseignants) : les "lisettes" arrivent et c'est dommage? Que croyez vous que faisait le copiste quand arriva l'imprimerie ? et bien, il ralla, il dénigra, il pesta contre ce monde nouveau, insensé ? Depuis d’autres révolutions on toucher le livre. Paulhan, qui fut l’éditeur réputé de nombre de nos grands écrivains du XXé siècle, racontait que Gaston Gallimard, le fondateur de la célèbre maison d’édition, s’inquiétait beaucoup de l’apparition du vélo qui serait, disait-il, catastrophique pour la lecture. De la télévision, des éditeurs dire la même chose. De fait, je crois, que dans l’histoire du livre, ce qui assure son avenir, ce n’est pas sa forme (même si chaque génération peut pleurer sur la forme à laquelle il avait été habitué), mais la qualité du lecteur. Savez-vous lire, en toute situation et comment lisez-vous ? Sous cet angle on peut être inquiet, sérieusement, mais il faudrait que je me lance dans quelques considérations sur l’état de l’Education Nationale et, là, il y a de quoi pleurer de rage, mais comment s’en étonner puisque nous avons admis que le monde puisse être aux mains de joueurs de casino ! Pour moi, à mon âge, la suite appartient à d’autres.
Voyagez en paix, voyager en sage qui regarde le monde avec patience, mémoire et confiance!
jean Luigné
Écrit par : Jean Luigné | 25/01/2013
je suis horrifié quand j'entends, comme ce fut le cas récemment, un jeune ( au rmi donc au chomdu ) dire qu'il ne pourrait plus vivre sans sa tablette numérique.
je demande où va-t-on ? quel monde de cons sommes nous en train de fabriquer ?
un monde de débile ..........
Écrit par : jean-pierre | 25/01/2013
Horrifié?
si quelque chose m'horrifie c'est bien plutôt de laisser la jeunesse (l'avenir) au chômage ! Quant à la tablette numérique, je ne vois pas en quoi elle serait en soi condamnable - au non de quoi condamner un tel objet?
On peut par contre s'interroger sur les contenus diffusés sans oublier qu'on peut faire le même trie en entrant dans une maison de la presse ou une librairie : combien de journaux et de livres de qualité ?
on peut aussi s'interroger sur les capacités de lecture qui dépendent de la qualité de l'enseignement lequel irait d'autant mieux que ceux qui fréquentent les lycée ont le sentiment que l'avenir leur est ouvert ...
Écrit par : jean Luigné | 26/01/2013
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