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08/02/2016

Lortografe

KuHTOntjdjh1FsG3Yrb8JTcksOI.jpgPalsambleu, ventre saint-gris, diantre, comme le temps passe, il nous file entre les doigts comme du sable fin et lorsqu’on se retourne, il est trop tard, il a fait son œuvre. Je viens de me rendre compte que je n’étais pas venu écrire ici depuis un moment. Je ne m’étendrai pas sur les raisons de cette absence, je ne suis pas revenu aujourd’hui pour cela.


J’aime la langue française, j’aime les mots, leur couleur, leur originalité. J’aime la complexité des conjugaisons qui donnent souvent du fil à retordre. J’adore le subjonctif qui lorsque j’étais un écolier faisait perler des grosses gouttes de sueur sur mon front, encore eut il fallu que je le susse…


J’adore la ponctuation qui donne du rythme, qui allège, qui soulage les phrases. Les musiciens ou les mélomanes le comprendront encore mieux, c’est comme une partition avec des temps, des contretemps, c’est comme une chanson avec ses variations, ses temporisations, ses ponts, ses reliefs.


Parfois, lorsque, plongé dans un livre, je me détache quelques instants de ses phrases et de ses mots, je m’émerveille de pouvoir sans peine, par habitude et avec facilité, déchiffrer cet ensemble de lettres et de signes. Quel délice que de pouvoir s’évader, de vibrer, de trembler, de s’extasier, de prendre du plaisir rien qu’en posant ses yeux sur cette belle langue qui est là nôtre et d’en jouir à foison.


Ce que je constate depuis plusieurs années c’est que notre belle langue part en déliquescence. La faute à qui, la faute à quoi ? La télévision, les téléphones portables, les programmes d’enseignement, la démission de beaucoup de parents qui ne veulent pas « contrarier » leurs enfants (c’est tellement plus simple). Nos gamins ne lisent plus, font de plus en plus de fautes d’orthographe, de conjugaison et tout cela ne s’arrange pas car on ne fait rien pour améliorer la situation. Pire, les gens qui entre guillemets sont responsables de l’éducation nationale, font pire que mieux et plutôt que de se pencher sur des méthodes pour combattre ce fléau préfèrent appauvrir notre belle langue française, si riche et si complexe pour suivre le mouvement de recul et donner leur nom à une réforme ou à une loi.


Ce que craignais depuis longtemps est en train de se produire, par facilité, par bêtise, on commence par quelques décisions stupides et inutiles en changeant les mots. Demain on écrira plus un oignon mais ognon et pourquoi pas un jour onion. Qu’ils étaient beaux les nénuphars sur les « images » que l’on nous donnait en récompense à l’école, qu’ils sont moches ses nouveaux nénufars. Et ce bel accent circonflexe, le chapeau, qui embellit les mots, dès l’instant où l’on considère qu’il ne sert à rien, hop, on le supprime. Mon préféré : plutôt que d’apprendre aux enfants que l’on dit un après-midi et non pas une après-midi (après et midi sont des mots masculins) on a décidé qu’au pluriel ce sera des après-midis (totalement illogique dans la mesure où ce sont les après qui sont au pluriel alors que le midi restera toujours le midi…).


Bref, si on commence comme cela que sera demain, j’ai peur d’imaginer qu’un jour prochain, à force de vouloir simplifier l’on finisse par détruire ce que le monde entier nous envie, la richesse, la complexité mais aussi la beauté de notre langue :


Se matin je me sui révéyé de bone eure, avec la métresse d’école et mé copin nous prenons l’autobusse direxion Lillessantre pour allé voir une expozission sur le poaite charle baudelaire et jai été choizi pour lire devan plain de perssones un éxtrè du poaime l’albatrosse :

Souvan pour s’amuzer les zommes d’ékipaje

Prènent dés albatrosse vastes oizos dés mèrs

Ki suivent indolants conpanions de voiyage

Le navire glissan sur les goufres amèrs…

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