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19/03/2010

Jil CAPLAN "L'interview"

Le regard doux et triste à la fois.jpg                                                                                                                              

Il y a quasiment un an, à quelques jours près, alors que je fouinais dans les bacs de CD « Chanson française » de notre belle médiathèque, je tombe sur une compilation de Jil Caplan « Jours de fête ». Aussitôt, des souvenirs me reviennent à la mémoire et  je repense  à l’année 1987 quand pour la première fois, j’ai découvert cette jeune artiste, dans un clip à la télévision. Je me souviens parfaitement être tombé sous le charme, j’aimais son look, sa voix, son style. Moi le fou de rock, voilà qu’une toute jeune femme avec une voix qui m’a plu d’emblée,  m’avait immédiatement  pris sous son charme.

Ce « Jours de fête » je l’ai écouté en boucle pendant plusieurs semaines avec un plaisir qui jamais ne s’est tari. J’ai, dans le même temps, cherché à savoir ce qu’était devenue Jil Caplan et je me suis aperçu que sa carrière se poursuivait et qu’elle avait sorti au total, sept albums originaux. Je les ai tous dans ma discothèque aujourd’hui, je les connais quasiment par cœur. Je suis allé la voir en concert à Paris l’an dernier et j’ai le plaisir et la chance d’échanger très  régulièrement avec elle. En gros, j’ai rattrapé les 18 années pendant lesquelles je l’avais perdue de vue. Le « vieux fan » s’est réveillé et n’est pas près de se rendormir.

Jil Caplan est née Valentine en 1965, fille d’une  mère cantatrice d’opéra et d’un père sérigraphe, elle vit une enfance solitaire qui développera chez elle, une passion de la lecture qui ne la quittera jamais. Après l’obtention d’un bac littéraire, elle bâcle ses études de lettres pour entrer au cours Florent. Elle vit chichement mais elle est heureuse. Un soir après un concert, elle fait la connaissance de trois garçons, Jipé, Rico et Trambert, cette rencontre va changer le cours de sa vie. Ces trois gars sont en effet la première formation de ce qui deviendra plus tard les célèbres « Innocents ». A l’époque c’est Jay Alanski qui s’occupe de les produire et comme la miss traine souvent avec eux et qu’elle se passionne pour les techniques d’enregistrement, il la remarque, trouve qu’elle a un style, une belle voix et  lui propose d’enregistrer un titre. Nous sommes en 1987, quelques semaines après l’avoir enregistré, sort son premier single « Tard dans la nuit », l’histoire de Jil caplan est en marche.

C’est ensuite le succès, quasi immédiat, les plateaux de télés, les nombreux clips vidéo, les récompenses (meilleure jeune chanteuse en 1990), bref tout fonctionne à merveille. Depuis 1993, sa carrière, malgré d’excellents albums enregistrés avec ses amis Jipé Nataf (« Toute crue ») et Jean-Christophe Urbain (« Comme elle vient »), est plus discrète. Même si le grand public ne l’a pas oubliée, il ne sait pas que sa carrière se poursuit avec brio. En effet, la toute jeune fille d’à peine 21 ans en 1987 a muri, elle écrit la plupart de ses textes avec une plume qui n’a d’égales que sa jolie voix et sa culture.

 Le dernier album qu’elle a sorti date de 2007 et s’appelle « Derrière la porte ». Il marque les retrouvailles de Jil Caplan avec Jay Alanski. C’est un album très intimiste, aux sonorités assez « électro » mais d’une grande qualité. Les textes sont magnifiques, la qualité de sa voix est intacte et on est littéralement envouté du premier au onzième titre qui composent cet album. 

Vous découvrirez le très sympathique « Des toutes petites choses », morceau qui a été le premier écrit et qui a été en quelque sorte, le détonateur, celui qui est à l’origine de l’enregistrement de l’album. Régalez vous de cette belle chanson d’amour (une vraie) qu’est « J’aime…je déteste », écoutez sans vous lasser les très beaux « On n’entre plus chez toi » ou « L’heure sombre ». Laissez- vous emporter par « L’âne sur la route » morceau très intense et très puissant. « Quelque chose va venir, quelque chose vient toujours… » écrit-elle dans sa chanson « A la fenêtre », oui, il y a toujours quelque chose à découvrir au détour de chacune de ces onze très belles chansons et même si ce ne sont parfois que de « toutes petites chose »s elles sont belles et nous emmènent ailleurs, dans des endroits magiques comme seuls la belle musique ou les beaux textes savent le faire.

Mais qui de mieux pour parler d’elle et de son album que l’intéressée elle-même. Serez-vous surpris si je vous dis que c’est une femme au charme fou, intelligente, très cultivée, pleine d’humour mais aussi d’une gentillesse à toute épreuve et qu’elle a accepté de répondre à mes questions en toute simplicité et en toute franchise.

Christophe DEFOSSEZ : Quelles sont tes principales influences musicales ?

Jil CAPLAN : Toutes sortes de gens…Nick Drake, Tim Buckley, Pink-Floyd, John Lennon (et même Yoko !) Bowie (sa voix, son androgynie…) mais aussi Anne Pigalle, Annie Lennox, Chrissie Hynde, Blondie, Everything but the girl…Roy Orbison, Johnny Cash, Emmylou Harris, Gal Costa, Cristal Gayle, Tom Waits, Todd Rundgren, CSN & Y, la folk music, les années 70…Il y a beaucoup de choses qui m’influencent.

Christophe DEFOSSEZ : Les textes étant importants dans tes chansons, quelles sont tes influences littéraires ?

Jil CAPLAN : Raymond Carver, Nougaro, Higelin, Bukowski et Céline, le plus grand…L’exactitude pour moi est le plus important. La forme est primordiale…Avec la forme on peut tout dire, du plus léger au plus profond. Peu importe ce qu’on dit, disons-le exactement, avec style. Le style est essentiel.

Christophe DEFOSSEZ : « Derrière la porte » marque les retrouvailles avec Jay Alanski, l’homme à qui tu dois ta carrière. Quand ce sont produites ces retrouvailles et comment vous est venue l’idée de retravailler ensemble ?

Jil C APLAN: Un jour d’avril 2006, on se retrouve pour boire un thé…ça fait des années que l’on ne s’est pas vu. On discute longuement, puis on se dit qu’on ne risque rien à essayer de retravailler ensemble. Le soir même je lui envoyais mes 3 phrases…Comme il est très créatif, le lendemain il avait trouvé le gimmick « Des toutes petites choses », avec le glockenspiel. Quand la machine est en route ensuite, on se laisse guider par son mouvement. Je compare souvent le processus créatif, voire amoureux à une machine qui possède sa propre loi, son fonctionnement. Comme une grosse bête poilue qui avance toute seule…et que l’on suit.

Christophe DEFOSSEZ : Combien de temps a durée l’aventure entre votre rencontre et le mixage final de l’album ?

Jil CAPLAN : 2 mois pour écrire et composer, 10 jours pour mixer. C’était assez rapide car on savait ce qu’on voulait…et quand une prise ne nous plait pas, on l’efface, ce qui fait qu’on ne se perd pas en route…

Christophe DEFOSSEZ : Avais tu déjà des textes « en attente », préalablement écrits avant cette rencontre ?

Jil CAPLAN : Non, juste les trois premières lignes de la chanson « Des toutes petites choses »…

Christophe DEFOSSEZ : Lorsque tu écris un texte, as-tu la musique en tête ?

Jil CAPLAN : Non, mais il m’arrive de fredonner une mélodie dessus, sachant que le compositeur fera autre chose qui me surprendra (Enfin j’espère)

Christophe DEFOSSEZ : Dans le cas où tu viens avec le texte seul, sans mélodie, comment se passait la collaboration avec Jay pour l’écriture de la musique, était-ce un travail commun ?

Jil CAPLAN : Je lui envoie le texte, il compose dessus ! Puis après, on affine…

Christophe DEFOSSEZ : « Derrière la porte » est radicalement différent de ton précédent album « Comme elle vient », je le trouve plus sombre et plus intimiste. Comment expliques- tu cela ?

Jil CAPLAN : Cela vient des périodes différentes que l’on traverse. Je n’aimerais pas faire des disques qui ont toujours la même couleur…Bowie pour ça est exemplaire, sa discographie est un vrai bordel, on sent qu’il est une éponge à ce qui l’entoure, au style.

Christophe DEFOSSEZ : Il y a dans cet album, des sonorités très « électro », de qui, d’où vient cette influence ?

Jil CAPLAN : Des disques «électro que j’ai pu écouter et aussi de Jay qui a fait plusieurs disques électro chez F.Com

Christophe DEFOSSEZ : Parlons des chansons maintenant. Parmi celles dont tu es l’auteur, j’aime (entre autres) « ‘L’âne sur la route » pour sa musique mais aussi pour ses paroles très actuelles. Est-ce ta façon de parler de l’égoïsme, du mépris des autres, de l’individualisme, fléaux de notre époque ?

Jil CAPLAN : oui, mais aussi de ma peur de la solitude extrême, « crever comme un chien »…C’est un disque assez dense pour ça. Mon texte préféré étant « On n’entre plus chez toi »

Christophe DEFOSSEZ : « A la fenêtre », « Derrière la porte », tu attends. Jil Caplan, dans la vie, a-t-elle encore des rêves à assouvir ?

Jil CAPLAN : Je rêve toujours d’amour comme une midinette, de communauté. Et aussi de grands voyages ! Si je tombais amoureuse d’un américain, je suis prête à le suivre dans le Montana (par exemple Robert Redford …ou Joachim Phoenix !)

Christophe DEFOSSEZ : Parlons de « Chez moi » qui m’a toujours intrigué. Une question (indiscrète) me brule les lèvres, est ce vraiment chez toi ?

Jil CAPLAN : Euh…Une partie de chez moi en tout cas ! (coffee & cigarettes…)

Christophe DEFOSSEZ : Lorsqu’on écoute « L’heure sombre », on a vraiment cette sensation de pénombre et de solitude, l’ambiance est palpable. As-tu écrit ce texte au milieu de la nuit, comment est il né ?

Jil CAPLAN : Oui, je l’ai écrit dans la nuit. J’avais dans la tête une personne hantée. Il ya avait un côté « vaudou » dans le texte, que Jay a parfaitement retranscris dans la musique. Il y a du « vaudou urbain » dans les sons (la basse très free, la guitare fuzz, les percus obsédantes) J’ai besoin de visualiser quelque chose quand j’écris, une ambiance, une lumière…

Christophe DEFOSSEZ : Je sais pour lire régulièrement tes écrits sur ton « blog » que tu as une vraie « plume ». Dans quoi puises tu ton inspiration, n’as-tu jamais envisagé d’écrire un livre ?

Jil CAPLAN : L’inspiration, c’est la vie, la mort ! Les autres,  ma vie, les sentiments, la colère. Tout part de ça, toujours, ça c’est chez moi !

Christophe DEFOSSEZ : Parlons de JeanCri (Jean-Christophe URBAIN) qui est très présent à tes côtés. Tu m’avais confié il y a quelques mois avoir des morceaux écrits avec lui. Y a-t-il quelque chose en préparation, un nouvel album à venir ?

Jil CAPLAN : Oui mais c’est un gros projet que je n’arrive pas à maitriser encore. Disons que j’ai les yeux plus gros que le ventre sur ce disque, mais je vais finir par y arriver !

Christophe DEFOSSEZ : J’ai eu le plaisir d’assister à ton concert au Petit Saint Martin en octobre dernier, c’était extra ! Quand aura-t-on le plaisir de revoir Jil CAPLAN dans notre belle région du Nord ?

Jil CAPLAN : Ah si je le savais !

Christophe DEFOSSEZ : Tu connais le comité MAV depuis sa récente création car tu as eu la gentillesse de nous parrainer (pourquoi ne dit-on pas « marrainer » d’ailleurs ?). Que penses-tu de cette initiative culturelle ?

Jil CAPLAN : Toutes les initiatives culturelles sont bonnes. Dès qu’il s’agit d’ouvrir les gens à autre chose que la sempiternelle TV ou jeux vidéo stupides, c’est du bon ! La curiosité et la culture seront toujours un moteur formidable d’ouverture.

Christophe DEFOSSEZ : Si tu devais à l’instant t’arrêter, regarder en arrière et dresser en quelques mots un bilan de ta carrière passée, quels seraient-ils ?

Jil CAPLAN : Chaotique, en dents de scie, incomplète. Mais on est rarement content de ce qu’on fait…j’ai toujours le sentiment que le meilleur est à venir.

Christophe DEFOSSEZ : Tu as encore de beaux jours devant toi. A l’instar de Macca (Paul Mc Cartney) qui à 68 ans est toujours aussi actif, te vois tu toujours sur scène ou en studio au même âge ?

Jil CAPLAN : A 20 ans, je ne me voyais pas chanteuse à 40. Maintenant que je les ai, je ne sais plus quoi dire de l’avenir. A 68 ans j’espère que j’habiterai un endroit près de la mer avec des animaux et un homme que j’aime…et que je partagerai mon petit savoir (NDLR : Là, je peux vous dire qu’elle est plus que modeste). J’aime la transmission…j’aime apprendre, pour moi, et aux autres.

Christophe DEFOSSEZ : Dernière question, malgré une seconde partie de carrière plus discrète, médiatiquement parlant, tu restes quelqu’un de très populaire. En tant que fan inconditionnel, je connais une partie de la réponse, mais toi, qu’en penses-tu ?

Jil CAPLAN : Je pense qu’il y a une vie après la télé ! Je ne me mets pas au dessus de la mêlée, et parfois je souffre de na pas être plus présente dans les médias (NDLR : Ce serait pourtant largement mérité). Ca m’aiderait pour faire plus de concerts, avec plus de confort. Mon luxe dans la vie, c’est d’aller manger dehors de temps en temps pour ne pas avoir à faire la cuisine, acheter des livres, du parfum précieux, des coussins pour m’allonger, un endroit au chaud pour écrire, rêver, faire de la musique. Le reste c’est de l’écume !

 

 

Voilà, en quelques mots et sous le couvert de ces phrases, on devine la gentillesse, la sensibilité, la simplicité mais aussi la culture et l’intelligence de cette jeune femme si attachante.

Pour mieux la connaitre, je vous invite bien sûr à passer en revue toute sa discographie dont vous trouverez le détail ci-dessous mais aussi à passer sur son site  créé (enfin !) il y a quelques semaines à peine et qui regroupe, des photos, des vidéos, son autobiographie complète, se réalisations, ses contacts, ses liens et surtout son blog dans lequel elle écrit de si beaux textes :

www.jilcaplan.com

Plus modestement, vous pourrez également découvrir sur ce blog, une large rubrique dédiée à celle dont je suis un fan inconditionnel.

 

 

DISCOGRAPHIE :

-A peine 21 (1987)                                                                        

-La charmeuse de serpents (1990)                                         

-Avant qu’il ne soit trop tard (1993)                                      

-Jil CAPLAN (1996)

-Toute crue (2001)

-Comme elle vient (2004)

-Derrière la porte (2007)

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Il y à aujourd'hui un an jour pour jour que je suis rentré en contact avec Jil Caplan. Je ne savais pas à ce moment là comme cette rencontre allait bouleverser mon existence. J'ai découvert plein de choses, rencontré des gens, pris contact avec d'autres, créé ce blog, je suis rentré au comité musique et arts vivants, la passion d'écriture qui dormait en moi s'est réveillée pour ne plus s'arrêter. J'ai aussi plein de projets et de rêves en tête...

J'ai de nouveaux amis que j'aime et surtout une à qui je dois beaucoup. Qu'elle en soit éternellement remerciée.

Merci Valentine <3

 

 

 

 

 

 

 

 

05:00 Publié dans Jil Caplan | Lien permanent | Commentaires (4)

Commentaires

Bon, que dire de plus? tout simplement magnifique mon ami.Cet album là pour moi est une vrai pépite.
Valentine m'accompagne fortement en ce moment.
Cette fille est vraiment pas comme les autres.

Pleins de bises mon ami et merci d'être là.
Ton ami de L'ouest:-)

Écrit par : christophe | 20/03/2010

merci, Christophe.
Comme quoi une tout petite pierre peut faire bouger un édifice...
Bonne continuation dans tes écrits.
Amitiés,
une Toutecrue

Écrit par : toutecrue | 20/03/2010

On sent dans ton admirable interview une grande passion et surtout une grande connaissance de son oeuvre que petit à petit je découvre ou redécouvre grâce à toi. C'est vrai que face à toutes les daubes que l'on nous nous impose Jill (ou Valentine?) mériterait une meilleure place dans les médias. Le vrai talent fini toujours par être reconnu. Rassure moi pour les jeux vidéos déiles elle connait Barique?

Écrit par : jfb | 22/03/2010

Ah! Belle note, merci. C'est une artiste que j'apprécie énormément et que j'écoute beaucoup, suis ravie d'en savoir un peu plus sur elle...

Écrit par : helenablue | 04/04/2010

Les commentaires sont fermés.