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11/11/2011

Devoir de mémoire

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Lorsque j’étais enfant, dans mon petit village perdu dans les plaines du Cambrésis, on assistait  avec l’instituteur aux commémorations des fêtes nationales. Ainsi, chaque 11 novembre, alors que le temps était souvent gris, humide ou brumeux, nous allions au monument aux morts assister à la cérémonie.

Monsieur le maire, le conseil municipal, les associations d’anciens combattants et leurs drapeaux, les écoles donc et une partie de la population étaient présents.

Mr le Maire faisait un petit discours puis énumérait gravement les prénoms et noms des enfants du village morts au combat durant la première guerre mondiale.

Je me souviens avoir connu un grand monsieur en costume noir, avec son chapeau et sa cane et qui arborait des bacchantes toutes blanches, on l’appelait tous le père Loriot. Il était le dernier survivant des appelés en 1914/1918.

Ensuite, après la cérémonie, le maire invitait tout le monde à la salle des fêtes où l’on servait un (ou plusieurs) verre de vin blanc aux adultes et où les enfants des écoles recevaient deux brioches.

Aujourd’hui, même si ces cérémonies ont toujours lieu, les gens s’en foutent. En ce qui me concerne, il y a des années que je n’y ai plus assisté.

Je me souviens aussi de mes livres d’histoire avec leurs images d’Epinal qui montraient les taxis de la Marne, les généraux à cheval avec des couleurs gaies et chatoyantes. Les textes parlaient de victoires, de sacrifice pour la patrie, j’en passe et des meilleurs.

 

Cependant, le devoir de mémoire est important, pas pour le nom des batailles, ni celui des maréchaux ou généraux, non, il l’est  pour tous ces jeunes appelés qui sont allés se faire ouvrir les tripes pour conquérir une tranchée, un bosquet ou une simple butte de terre. Pour les mutilés, les amputés, les gueules cassées, les gazés qui ont vu leur jeune vie définitivement brisée par la bêtise et la cupidité des politiciens, l’imbécillité des militaires de carrière et les intérêts financiers en jeu..

Devoir de mémoire pour les enfants de France mais aussi ceux du Sénégal, d’Angleterre, de Russie, d’Italie, des Etats-Unis et bien sûr ceux de l’Allemagne du Kaiser prussien et j’oublie certainement des nationalités.

Devoir de mémoire pour tous ces jeunes qui à peine sortis de l’adolescence ont connu, la boue des tranchées, la faim, la vermine, la peur permanente, les blessures, les mutilations et la mort pour des milliers d’entre eux.

Devoir de mémoire enfin pour les oubliés volontaires de l’histoire, les mutins, les fusillés pour l’exemple parce que la hiérarchie militaire n’admet pas la peur, la panique ou pire parce qu’un soldat refuse de porter le pantalon d’un mort.

Ayons juste en ce jour du souvenir, une pensée pour toutes ces croix dans les cimetières militaires et surtout pour les noms qui y sont gravés ou pas.

 

 

( La photo qui illustre cet article est le monument aux morts de mon village d’origine, Bevillers, commune d’à peine 500 habitants située entre Cambrai et Le Cateau. C’est là que tout gamin, j’assistais aux cérémonies de commémoration)

 

09:04 Publié dans Souvenirs | Lien permanent | Commentaires (0)

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