21/01/2023
MAIS PAS SI VITE !!!
Je ne suis pas un théoricien du complot, loin s'en faut. Je ne suis pas né de la dernière pluie non plus car il se trame dans notre dos et à notre insu, bien des choses qu'il vaut mieux ignorer.
Cela-dit, je m'interroge sur l'empressement soudain du gouvernement français à vouloir passer le plus rapidement possible la loi de réforme sur les retraites surtout dans un contexte difficile où une grande majorité de la population vit depuis deux ans des jours pénibles entre la pandémie, les virus, la guerre, les pénuries, l'inflation et j'en passe.
Que nous cache t'on ?
Des économistes reconnus, des hommes politiques de gauche comme de droite n'ont de cesse de répéter qu'il n'y a pas urgence à réformer et qu'il y a des méthodes moins impopulaires et moins brutales alors pourquoi vouloir aller si vite ?
Qu'est ce qui nous attend dans les mois à venir ?
Est-ce parce que le patronat et derrière eux les lobbies financiers mettent la pression sur un président de la république qui n'est ni plus ni moins que leur marionnette ?
Ne nous leurrons pas, il devient tellement difficile de trouver de la main d’œuvre qualifiée qu'il vaut mieux la faire travailler plus longtemps et au bout du compte, plus les gens travailleront moins leur retraite sera longue et par conséquent moins il y aura à débourser.
On veut nous faire croire que l'on vit plus longtemps, je veux bien l'entendre mais quand les gens auront 67 ans, pendant combien d'années pourront-il profiter sereinement du temps qu'il leur reste ?
Pensez ce que vous voulez, traitez moi d'illuminé si vous voulez mais réfléchissez bien et soyez honnêtes avec vous même, n'ai-je pas un peu raison ?
16:24 Publié dans Coup de gueule | Lien permanent | Commentaires (1)
11/11/2021
La der des der...
La grande guerre...
La mort, la boue, le froid, la peur, l'horreur, la machine à broyer une génération quelle que soit sa nationalité.
Sans oublier des officiers bornés, des milliers d'hommes sacrifiés pour un monticule, un bosquet souvent perdus les jours suivant.
Sans oublier les fusillés pour l'exemple, tout simplement parce que ces hommes étaient des hommes vrillés et tétanisés par la peur.
En façade, un seul idéal, défendre la patrie. En toile de fond, comme pour toutes les guerres des intérêts économiques et financiers pour une minorité dirigeante.
Et puis le 11 novembre, l’armistice, suivi de l'humiliation de l'ennemi avec son écrasant traité de Versailles. Ce traité dur et implacable qui servira de terreau fertile à la rancœur, la haine et qui attisera une telle envie de revanche qu'il sera à l'origine d'un second conflit mondial brutal et meurtrier non seulement pour les soldats mais également pour des millions de civils.
La grande guerre... ce devait être la der des der...
12:32 Publié dans Chroniques de la grande boucherie (1914/1918) | Lien permanent | Commentaires (2)
04/09/2021
Le pari
En 1977, en pleine période punk, j'ai 13 ans et je suis en pleine découverte des Beatles. Le problème c'est qu'à l'époque, je n'avais qu'un modeste petit lecteur de cassette que j'avais amplifié avec un vieux haut-parleur d'électrophone.
Je n'avais pas beaucoup d'argent et très peu d'occasions d'écouter la musique que j'aimais.
Un jour cependant, en cours de dessin, deux de mes copains de classe, me narguaient avec une cassette audio sur laquelle était enregistrée l'album bleu, la compilation 19767-1970 des fab four. Soudain l'un d'entre me dit: "Si tu peins tes deux verres de lunettes à la gouache et que tu les gardes quelques minutes sur le nez, je te donne la cassette".
Je crois qu'il imaginait que je n'en aurai pas le courage mais pour pouvoir avoir cet album, j'airai fait n'importe quoi et je me suis exécuté en peignant mes lunettes...en bleu,
Je m'en suis bien tiré je n'ai eu qu'une légère remontrance de la prof de dessin. J'ai rincé mes lunettes sous le robinet et j'ai eu en main la précieuse cassette audio dont j'ai usé la bande à force de l'écouter.
Depuis j'ai eu des albums en ma possession et aujourd'hui j'ai beaucoup d'enregistrements de Beatles que je peux écouter via mon PC mais je n'ai jamais oublié cet instant de bonheur quand j'ai eu mon précieux sésame en mains, c'était pour moi un vrai trésor.
17:02 Publié dans Souvenirs | Lien permanent | Commentaires (0)
25/08/2021
SALUT CHARLIE !
C'est par le biais des Beatles que j'ai découvert la musique que j'adore toujours aujourd'hui, j'avais alors 12 ans, nous étions en 1976.
Deux ans plus tard, j'ai découvert les Rolling Stones avec l'album "Some girls" sorti en 1978, un disque que j'ai usé à force de l'écouter.
Depuis, je suis toujours resté un amateur éclairé des fab four et des pierres qui roulent. J'ai même eu la chance de voir les Stones trois fois sur scène à Paris.
C'est justement à propos du premier concert au Parc des Princes en 1990 que j'ai un souvenir précis de Charlie Watts.
La foule était nombreuse et de tous ages, mais à la fin du concert, lorsque Mick a présenté les musiciens, un tonnerre d'applaudissement a accompagné la présentation de Charlie le discret.
Pas d'éclats, pas de longs solos de batterie, pas d’esbroufe mais un tempo toujours impeccable et un professionnalisme qui ne l'a jamais quitté. Il était incontestablement le métronome des Stones et tous les hommages faisant suite à sa disparition hier, à l'age de 80 ans en témoignent
Discret, renfermé, bizarre parfois (il dessinait les chambres d'hôtels dans lesquelles il dormait), toujours très élégant, le natif de Wembley dans le Middlesex avait une vie de famille discrète et il manquera à tous les fans des Stones ainsi qu'aux amateurs de Jazz, une musique qu'il adorait.
Je suis triste, il faut le dire car il faisait partie des musiciens pour lesquels j'avais de l'admiration et du respect.
Au revoir Mister Watts, salut Charlie !
06:57 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (0)
16/07/2021
Enervé !!!
Voilà des semaines que je me tais mais que j'entends que je lis et que j’écoute tout ce monceau de conneries, ce fatras d’imbécilités, cet amoncellement d’idioties relayés par les réseaux sociaux à grands coups de fausses informations.
Je suis loin d'être en accord avec le président de la république et son gouvernement mais de là à parler de dictature, il ne faut tout de même pas exagérer.
Allez demander aux quelques rares survivants du régime nazi ou du stalinisme ce qu'est une dictature ?
Parlez-en aux Lybiens ou aux Irakiens qui ont vécu dans la terreur. Je ne parle pas des coréens, totalement isolés et qui n'ont d'autre choix que d'obéir à la même famille depuis trois générations. Et puis il y a les Peron, Duvallier, Amin Dada, Mobutu, Pol Pot qui ont terrorisé et massacré tous leurs opposants politiques.
Alors arrêtez de pleurnicher et de parler de dictature, il ne faut quand même pas pousser le bouchon trop loin.
Il y a un peu plus d'un an, j'avais beaucoup de respect pour le personnel soignant et j'en ai toujours autant pour eux. Je n'ai pas fait partie de ceux qui applaudissaient à leur fenêtre ou à leur balcon tous les soirs, je n'aime pas ce genre de démonstration mais cela ne m'empêchait pas d'être solidaire.C'était d'autant plus héroïque qu'à l'époque aucun vaccin n'existait et que ces gens travaillaient dans des conditions très dures et très dangereuses.
Aujourd'hui, l'attitude de certains d'entre eux est d'autant plus incompréhensible et inconsciente alors que depuis des mois la vaccination est accessible. Pourquoi ne pas vouloir se protéger et éviter de mettre les autres en danger ? Il faut m'expliquer, je ne comprends pas cette attitude irresponsable ?
On ne sait pas ce qu'il y a dans le vaccin, ils ont fait super vite pour le sortir, il y aura des séquelles dans quelques années et bla bla bla, et bla bla bla...Oui, peut être mais valait il mieux laisser cette saleté de virus continuer à tuer ?
Si aujourd'hui il n'y avait pas de vaccins, celles et ceux qui n'en veulent pas seraient les premiers à les réclamer. J'imagine sans peine que ce sont ces mêmes personnes qui, il y a un an, ont râlé alors qu'il n'y avait pas assez de masques et qui, quelques mois plus tard parlaient déjà de dictature et de privation de liberté lorsque le port de ce masque a été rendu obligatoire.
Parfois j'ai honte d'être français quand je vois le comportement de certains de mes "cons"patriotes qui feraient mieux de se rappeler qu'ils vivent dans un pays où certes, tout n'est pas parfait et où il y a encore bien des choses à faire mais qui fait partie de ceux parmi les plus riches. Il faut dire que,il règne encore, à défaut d'égalité et de manque de fraternité, une relative liberté.
Vous avez le droit de ne pas être d'accord avec moi, je vous l'accorde et je ne rentrerai pas dans d'interminables débats, j'avais juste envie de dire ce que je pense.
Portez vous bien vous et vos proches, c'est tout ce que je souhaite.
10:57 Publié dans Coup de gueule | Lien permanent | Commentaires (0)
08/12/2020
C'était hier...
C’était hier...c’était il y déjà 40 ans…
Je me souviens très nettement de ce matin du 9 décembre 1980, j’allais au lycée à Cambrai et chaque jour, sur le chemin entre la gare et le bahut, je m’arrêtais au « Mistral » un bistrot où j’allais chaque matin boire mon café.
Je sirotais tranquillement mon petit noir au comptoir lorsque soudain j’ai entendu « Eight days a week » à la radio. J’ai tendu l’oreille car jamais au grand jamais, cette station de radio ne diffusait le matin ce genre de musique.
C’est alors que j’ai entendu la terrible nouvelle : la veille, dans la soirée du 8 décembre, John Lennon avait été assassiné.
J’étais totalement incrédule, je ne pouvais me résoudre à croire ce que je venais d’entendre. Ce n’était pas possible, ça ne pouvait pas s’être produit.
Et pourtant si car arrivé au lycée, la plupart de mes potes de l’époque ne parlaient que de cela et la nouvelle ne cessait de tourner en boucle dans ma tête.
En fin de matinée, en cours d’anglais, vers 11h55, la prof nous a fait écouter « Imagine » dans un silence de plomb. Tout le monde se taisait, même celles et ceux qui n’étaient pas comme moi fan des Beatles, instinctivement. Et lorsque la sonnerie de fin de cours a retentit, contrairement à d’habitude, personne ne s’est levé, attendant calmement et respectueusement la fin de la chanson.
Je n’ai pas honte de le dire, raconter cette histoire me donne des frissons et je sens les larmes me monter aux yeux.
Mon monde venait de s’écrouler, à bientôt 17 ans, je venais de rentrer dans la dure réalité, dans le monde froid de la violence et de la mort.
C’était hier...c’était il y a 40 ans...
06:58 Publié dans Souvenirs | Lien permanent | Commentaires (0)
03/06/2020
L'été bonheur
Je vous ai prévenus, chers lecteurs, je ne vais pas forcément vous raconter mes souvenirs de façon chronologique. Parfois, un évènement particulier peut les faire ressurgir de façon inattendue alors, je préfère les poser de suite sur le papier.
Ce matin j’étais en clientèle dans l’Amandinois (autour de Saint-Amand les eaux) où il y a plein de petites villages et de bourgs. C’est la campagne, c’est très agréable, j’aime bien ce secteur.
Ce matin, je roulai tranquillement carreau ouvert car l’air était doux et le soleil radieux. Soudain, mes narines furent remplies d’une odeur de foin, cette odeur agréable que l’on ne respire que dans nos vraies campagnes, l’odeur du naturel.
Brusquement, cela m’a ramené 48 années en arrière et je me suis souvenu d’une fin d’année scolaire alors que j’étais encore à l’école communale dans mon petit village du Cambrésis.
Ce devait-être fin juin, début juillet, ma maîtresse d’école avait décidé avec sa collègue que quelques jours avant la fin des cours et avant le début des vacances, nous irions passer une journée dans la campagne avoisinante. Il faut dire que le Cambrésis est une région très agricole et que tous les villages sont entourés de champs et de pâtures (des prés pour les non initiés).
A Bevillers, le village où j’ai passé mon enfance, la rue où nous habitions se terminait par un chemin caillouteux qui menait directement dans ces champs et ces pâtures. Tout le monde au village d’ailleurs l’appelait « le chemin, », tout simplement.
Il y a aussi dans cette partie du village un ancien four à chaud, dans notre patois local, le « quofour ». Du four il ne restait que des pâtures encaissées et très herbeuses dans lesquelles nos agriculteurs locaux allaient faire paître leurs bêtes.
C’est dans une de ces pâtures vide que nous avons passé la journée, au milieu des herbes déjà jaunies par le soleil et au parfum si particulier, nous nous sommes amusés comme des fous, nous avons pique-niqué sur place tous ensemble, je me souviens avoir ressenti un sentiment de bonheur et de plénitude intense.
Ce n’était pas grand-chose mais au milieu des herbes, des coquelicots , des pâquerettes, des boutons d’or et aussi des pissenlits, la vie me paraissait douce et belle. En fin de journée, le soleil sans soute un peu fatigué lui aussi, dardait de doux rayons sur nos visages, l’air était doux, le bonheur, tout simplement.
C’était le début de l’été, nous étions au début des années 70 et vous écrire cette histoire simple, fait naître en moi une émotion intense car je sais que jamais je ne revivrai ces moments privilégiés.
Restent le soleil, les odeurs, les fleurs pour que cela me revienne de temps en temps et me ramène là bas, dans mon village à l’âge de l’innocence.
18:56 Publié dans Souvenirs | Lien permanent | Commentaires (3)
01/06/2020
Le poêle à charbon
Je ne suis pas différent des autres êtres humains, je n’ai aucun souvenir de mes premières années sur cette terre, juste des images floues un peu comme si devant l’écran de mes souvenirs il y avait un tissu cotonneux et opaque. Je distingue des choses mais c’est tout. Une seule image est présente depuis que je suis en âge de raisonner, des têtes, penchées sur moi qui parlent, c’est tout.
Pendant cette période, jusqu’à mes 3 ans, mes parents ont vécu dans une maison que leur louait un oncle et une tante de mon père, rue du Préhaut à Bévillers, un petit village de 500 habitants dans le Cambrésis.
J’ai bien connu cette maison mais seulement après l’avoir habitée, quand j’ai eu 4 ans. Mon arrière grand-mère y vivait déjà puis c’est ma grand-mère paternelle, sa fille, qui l’a ensuite rejointe et nous a succédé.
C’était une époque où l’on se rendait beaucoup visite dans les familles donc je voyais souvent mes deux aïeules.
C’est d’ailleurs chez « grand-mère » qu’il m’est arrivé un accident. Les grandes personnes étaient réunies dans une pièce adjacente quand dans l’autre pièce elles m’ont entendu hurler.
A cette époque, fin des années 60, dans beaucoup de maison, le chauffage central n’existait pas et souvent, les gros poêles à charbon trônaient au milieu des pièces. Celui chez grand-mère était rond, avec une belle plaque en fonte et dans son antre, le charbon rougeoyait.
Personne n’a su ce qu’il s’est produit, ai-je voulu y grimper, ai-je trébuché, nul ne le sait. En revanche ils m’ont retrouvé criant de douleur, les deux mains collées sur la plaque en fonte brûlante. De cet incident, j’ai en mémoire une image où je regarde mes mains et où je comprends que j’ai mal.
Est-ce un vrai souvenir ?
Est-ce parce que j’en ai entendu parler souvent ensuite que mon cerveau a fabriqué cette image, je n’en sais fichtrement rien, tout ce que je sais c’est que cette vision est nichée dans ma tête depuis plus de cinquante ans.
D’aucuns diront que c’était de l’inconscience de m’avoir laissé seul, mais je n’en ai jamais voulu à qui que ce soit parce qu’à cette époque la sécurité sur les appareils n’était que très minime, à l’inverse d’aujourd’hui où les nouvelles générations de parents surprotègent leurs gamins. Et puis je m’en suis remis, je n’ai aucune cicatrice, aucune trace de brûlure, et mes mains m’ont jusqu’à ce jour été très utiles donc pas de soucis. En plus, il y a prescription...
Bien sûr, ça aurait pu être plus grave mais ça n’a pas été le cas, tant mieux car je n’aurais pas été là pour vous raconter cette histoire…
19:12 Publié dans Souvenirs | Lien permanent | Commentaires (0)
31/05/2020
Souvenirs qu'un quinqua génère...
La crise sanitaire que nous venons de vivre en ce début 2020, m’a fait plus que jamais replonger dans mes souvenirs. Je suis comme tout le monde, pas d’exception à la règle, je vieillis et cela engendre chez moi comme chez beaucoup d’autres j’imagine, une sorte de pèlerinage intérieur, un retour en arrière avec, je le dis en toute honnêteté, un regard nostalgique et bienveillant sur l’enfance.
Certaines images sont floues, vieillies par le temps qui passe, d’autres ont pris une teinte sépia mais avant que certaines d’entre elles disparaissent à jamais, enfouies trop profondément dans les tréfonds de ma mémoire, je vais essayer de les regrouper et de les écrire pour en garder une trace. Cela me permettra de les relire plus tard si jamais je les ai oubliées.
J’espère également que ma descendance tombera un jour sur cette modeste prose. A vous, mes enfants, petits-enfants et générations à venir, si vous lisez ces mots, cela vous permettra de découvrir un pan de votre histoire. Pour les autres, amis lecteurs, je souhaite que mes souvenirs ravivent les vôtres et vous incitent à emprunter le train de la mémoire pour un beau voyage dans le temps.
J’ai vécu une vie ordinaire, sans éclats particuliers, comme beaucoup de mortels. Le temps qui passe effacera petit à petit mon nom des mémoires. Le néant , la fin sont des choses qui me terrifient alors je caresse l’espoir que peut-être mes écrits me survivront et que pendant quelques instants je revivrai dans la pensée de mes lecteurs.
Je suis né au 20ème siècle, en 1964, à un tournant de l’évolution culturelle et technologique. J’ai connu des gens nés fin du 19ème siècle et j’aurai passé une bonne partie de mon existence au 21ème, tout le monde n’a pas cette chance.
J’ai connu la télévision à une chaîne et en noir et blanc bien sûr, l’encrier et le porte-plume, l’installation du téléphone dans les foyers, les disques 78 tours, les pantalons « pattes d’éph », les cheveux longs, le minitel, les premiers ordinateurs et bien d’autres choses qui pourraient me faire passer pour un vieux dinosaure. Ce n’est pas le cas, je suis juste arrivé à une époque où tout s’est brusquement accéléré, où en quelques années les évolutions technologiques ont radicalement changé les modes de vie, pas toujours de la meilleure façon qui soit… mais ça, c’est un autre débat.
Je ne sais pas encore sous quelle forme je vais regrouper ces souvenirs. Au départ, mon idée est de les écrire au fur et à mesure, sans véritable plan, dans le désordre si je puis dire, on verra. Dans tous les cas, bienvenue dans mon monde, bienvenue dans ce qui ressemble, j’en suis sûr à la vie de beaucoup de gens de ma génération.
10:13 Publié dans Souvenirs | Lien permanent | Commentaires (1)
11/11/2019
Lettre à Madeleine (Novembre 1916)
Ma chère Madeleine,
Je t’écris cette lettre profitant de ces quelques rares rayons de soleil au lever du jour. Cela fait plusieurs jours qu’il pleuvait sans discontinuer et nous déplacer dans ces maudites tranchées devenait un calvaire, aspirés par cette boue gluante et collante. J’espère que le temps va bientôt être plus sec. Nous aurons toujours froid, je le sais, mais au moins nous ne serons plus trempés des pieds à la tête.
Dans moins de deux heures un assaut est prévu. Le haut commandement a décidé de lancer une contre offensive massive ce matin pour reprendre cette butte pour laquelle tant de nos camarades sont morts. Mes propos vont sans doute t’étonner mais dans les camarades, j’inclue aussi nos opposants. Après tout ils sont comme nous les « boches », pour la plupart, ils n’ont rien demandé à personne et surtout, pas à être là.
Ta douceur, ta chaleur, ta voix, tes yeux, tout en toi me manque cruellement. C’est à la fois une joie intense et une tristesse infinie qui m’envahissent chaque fois que tu es dans mes pensées, c’est à dire à chaque instant. Ils me manquent aussi notre petit village, notre petite maison, ma classe et mes élèves turbulents, la cour de l’école où je rêvais de voir un jour s’ébattre nos futurs enfants.
Cette lettre ne te parviendra sans doute jamais car on ne nous autorise qu’à remplir un document réglementaire avant chaque bataille, la censure est partout, il ne faut pas donner une mauvaise image de nous à l’arrière. Ici, la mort est partout, elle nous tient la main en permanence, prête à nous entraîner avec elle dès qu’elle le pourra. Tout n’est que boue, grisaille, bruit. L’odeur est infecte, les rats grouillent de partout, nous avons froid tout le temps mais ce qui est le plus difficile à supporter ce sont l’ennui et cette indicible peur qui nous tenaille le ventre en permanence.
Tant de mes copains sont déjà morts et j’ai arrêté de compter mais avec Jacques, le forgeron de Plapeville (une ville près de Metz), nous nous serrons les coudes. La camaraderie nous permet de tenir et j’espère qu’il pourra partir à la prochaine permission pour voir sa petite fille née il y a quelques semaines. J’espère aussi que nous pourrons fêter mes 22 ans dans 3 jours. Grâce au colis que tu m’as envoyé avant hier, je partagerai avec Jacques et les copains pour mon anniversaire.
Je termine cette lettre à la hâte car dans quelques minutes, il va falloir « sortir ». Je vais la cacher dans une gamelle en attendant de te la faire parvenir comme je pourrais. Au mieux, nous la lirons ensemble lors de ma prochaine permission, blottis l’un contre l’autre. Ma douce Madeleine , mon aimée, mon amour, je t’envoie mille baisers. Les mots ne sont pas assez forts pour dire combien je t’aime et combien tu me manques.
Ton Armand .
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Armand était le jeune instituteur d’un petit village du Cambrésis. Il a été tué quelques heures après avoir écrit cette lettre à son épouse Madeleine. Il a disparu lors de la bataille de Verdun le 11 novembre 1916, son corps n’a jamais été retrouvé. Il n’aura jamais eu 22 ans...
Cette lettre est une pure fiction mais toute ressemblance avec des personnes ayant existé est totalement volontaire. Elle a pour but de rendre hommage à toute cette génération qui a alimenté cette énorme boucherie que fut la première guerre mondiale, à tous ces jeunes hommes quels que soient leurs origines ou leur « camp » qu’on transforma en chair à canon et qui sont morts en vain. Vingt ans plus tard, les braises encore chaudes de ce conflit mondial allaient alimenter un foyer de haine et de violence et entraîner le monde dans un second conflit plus meurtrier encore.
(KDEF 2016)
13:21 Publié dans Chroniques de la grande boucherie (1914/1918) | Lien permanent | Commentaires (0)